Vampire Killer (Mega Drive) 25.10.2025
Cet opus marque une étape historique : il s'agit du premier Castlevania développé spécifiquement pour une console Sega (la Mega Drive/Genesis). Création exclusive de Konami, il est connu sous trois appellations selon les régions, toutes sorties entre décembre 1993 et mars 1994 : Vampire Killer (バンパイアキラー) au Japon, Castlevania: Bloodlines en Amérique du Nord et Castlevania: The New Generation en Europe.
L'intrigue déploie une chronologie parallèle (dont Portrait of Ruin sera la suite) en introduisant les nouveaux protagonistes John Morris et Eric Lecarde. L'histoire se déroule en grande partie en 1917, au cœur de la Première Guerre mondiale. L'antagoniste est Elizabeth Bartley, la nièce de Dracula, qui, avec l'aide de la sorcière Drolta Tzuentes, a orchestré l'assassinat de Sarajevo en 1914 pour moissonner les âmes nécessaires à la résurrection du Comte Dracula. Les deux chasseurs de vampires s'engagent dans une traque épique à travers l'Europe pour contrecarrer ce dessein funeste.
Techniquement, cet épisode parvient à exploiter le potentiel de la Mega Drive avec des prouesses visuelles remarquables. Le moteur graphique délivre des effets spectaculaires : les rotations complexes de la Tour de Pise (stage 3), les transparences de la Galerie des Glaces à Versailles (stage 5), ou encore les somptueux effets de reflets dans l'eau du stage de l'Atlantide (stage 2) sont un régal pour la rétine. Les six stages, disséminés à travers l'Europe (Roumanie, Allemagne, France, Angleterre...), offrent une variété d'environnements saisissante. J'adhère complètement au choix des teintes et couleurs très saturées, conférant à l'ensemble un aspect sale et malsain du plus bel effet. Seul le stage 4, une usine d'armement en Allemagne, paraît en retrait et tranche radicalement avec le reste.
Le jeu innove en proposant deux protagonistes aux caractéristiques propres. John Morris combat avec le légendaire fouet Vampire Killer (expliquant ainsi le titre japonais), conservant l'aptitude périlleuse de s'accrocher aux éléments du décor (la manipulation n'est pas évidente à réaliser), même s'il perd le maniement multidirectionnel du fouet de Super Castlevania IV. Eric Lecarde, quant à lui, manie la hallebarde et dispose d'une attaque sautée chargée lui permettant d'atteindre des zones en hauteur. D'une manière générale, l'aventure s'avère plus aisée avec Eric Lecarde qu'avec John Morris. Bien que l'idée d'itinéraires différents aurait pu être davantage exploitée, elle souligne les spécificités de chacun.
Le feeling est résolument arcade, tranchant avec l'aspect plus aventureux des autres opus. Le titre est beaucoup plus nerveux et totalement orienté action-plateforme. L'arme principale peut dorénavant être améliorée selon 3 niveaux de puissance, le dernier étant particulièrement dévastateur. De même, les armes secondaires (boomerang, eau bénite et hache) disposent d'un deuxième niveau de puissance, particulièrement utile contre les boss, même s'il se révèle plus coûteux en joyaux.
Le bestiaire s'éloigne de la Transylvanie et s'ouvre à d'autres cultures européennes, gagnant ainsi en variété, ce qui permet d'intégrer un grand nombre de boss principaux et intermédiaires. Les compositions de Michiru Yamane sont mémorables (avec une affection particulière pour le thème du stage de l'Atlantide), même si elles compensent des bruitages parfois en deçà.
Il est à noter que la version japonaise s'avère la plus facile, la difficulté du mode normal ayant été rehaussée dans la version américaine, qui remania d'ailleurs le portrait d'Eric, jugé trop "féminin". L'itération européenne a fait l'objet d'une censure sur la couleur du sang et certains éléments d'arrière-plan. Une fois le jeu terminé, vous débloquerez le mode expert.
Bien que la progression vers un boss rush au dernier stage soit quelque peu paresseuse, elle est largement compensée par un combat final dantesque contre Dracula et ses trois formes.
En conclusion, je place ce titre un cran en dessous de Super Castlevania IV (Akumajou Dracula sur Super Famicom), principalement en raison d'une durée de vie plus courte, d'une ambition d'aventure moindre, et de musiques moins emblématiques (et encore, ce dernier point étant des plus subjectifs). Le développement du jeu a manifestement été hâté et semble avoir été confié à une équipe secondaire (ou moins expérimentée). Néanmoins, Vampire Killer propose un rythme plus soutenu et des boss plus complexes. Il demeure un excellent cru, figurant parmi les meilleurs de la série. Arrivé en toute fin de cycle des consoles 16 bits, le jeu a incontestablement pâti d'une aura moindre que l'opus SNES/SFC, ce qui l'a relégué injustement au second plan.
Ma note : 17.5/20