Burning Rangers (Sega Saturn US)
Ce mois-ci, j'ai enfin terminé Burning Rangers sur Sega Saturn US, après plusieurs tentatives éparpillées sur une dizaine (vingtaine ? ) d'années, durant lesquelles j'avais été un peu rebuté par la maniabilité qui requiert un peu de temps pour être domptée, et par une certaine complexité des niveaux. Je recherchais sans doute un plaisir plus immédiat, mais aujourd'hui je ne regrette pas d'avoir pris le temps d'y jouer plus en profondeur. J'ai terminé le jeu deux fois (une fois avec Shou et une seconde fois avec Tillis) en utilisant le pad analogique, et j'ai refait plusieurs fois chaque mission.
Si la Saturn a été un échec commercial aux Etats-Unis (ayant pour conséquence des pertes financières, des licenciements, et l'arrêt de la commercialisation de la console en 1998), Sega a terminé en beauté aux US avec Panzer Dragoon Saga, The House of The Dead, Burning Rangers, et Shining Force III. Excusez du peu. Ces jeux constituaient en quelque sorte le baroud d'honneur de Sega aux Etats-Unis et de magnifiques cadeaux pour les fans, alors que le destin de la console était déjà scellé. Il sont d'ailleurs sortis en quantité limitée (on parle de 5000 à 30 000 exemplaires), et ont ensuite été rejoints en toute fin d'année par Magic Knight RayEarth de Working Design, qui fut l'un des plus grands retardataire de l'histoire. Pour l'anecdote, RayEarth avait fait partie des 12 premiers jeux annoncés sur Sega Saturn en 1994 avant la sortie de la console au Japon, mais sa version américaine fut le dernier jeu Saturn à sortir aux US en décembre 1998 !
Conçu par la Sonic Team, Burning Rangers évoque à la fois une version futuriste en 3D de "The Firemen", Nights Into Dreams (dont il reprend le moteur graphique, en version améliorée), et Sonic pour son système de cristaux qui fonctionne de façon similaire à celui des anneaux : lorsque le héros se fait toucher, il perd tous ses cristaux qu'il peut en partie récupérer en se hâtant. S'il se fait toucher une seconde fois alors qu'il n'a plus de cristaux, l'écran de game over s'affiche alors.
Points forts :
Le système de navigation par la voix. Ce système peut paraître banal aujourd'hui, mais il était révolutionnaire en 1998. C'était la première fois que des consignes de navigation aussi claires étaient énoncées à l'oral en temps réel au joueur.
La qualité du doublage, en particulier les consignes limpides et facilement intelligibles (si on comprends l'anglais) de Chris Partn, la voix du système de navigation.
Un concept original et bien réfléchi : la Sonic Team voulait créer un jeu qui permette de sauver des gens plutôt que de les éliminer. L'idée de permettre d'incarner les membres d'une équipe de pompiers du futur leur est donc venue naturellement.
Une très belle réalisation pour la Saturn : effets de transparence et de lumière à gogo, explosions impressionnantes, reflets des flammes sur les décors... Le jeu utilise une version améliorée du moteur de Nights Into Dreams pour un résultat visuel très convaincant.
Un habillage se voulant "cool" et "groovy" très réussi, avec notamment une très bonne bande-son et une équipe de burning rangers engageante : les rookies insouciants Shou Amabane et Tillis, la belle Chris Partn qui les guide, le placide Lead Phoenix, et le vétéran Big Landman. Leur présence et leurs interventions dans les missions créent l'illusion d'un réel travail d'équipe. Les séquences cinématiques façon anime permettent une narration dynamique.
Les 4 missions sont très bien conçues et variées. Les niveaux s'avèrent vastes et relativement complexes. Leurs couloirs dissimulent de nombreuses victimes de sinistre incendie à sauver, dont les positions sont régénérées aléatoirement lors de chaque partie, ce qui assure au jeu une bonne replay value. Le scoring (des notes sont attribuées au joueur dans plusieurs critères) constitue également une bonne raison de refaire les missions.
Les emails : on reçoit des emails de la part des personnes sauvées, ce qui permet de donner un peu d'épaisseur à la personnalité de ces victimes.
Burning Rangers est bien calibré. Il existe en particulier un paramètre "Limit". Lorsque ce dernier atteint la valeur de 100%, tout explose à l'écran, ce qui met la pression et force le joueur à ne pas traîner. En contrepartie, sauver une personne, activer un switch, ou éteindre des feux permet de faire baisser la valeur de ce paramètre. C'est bien pensé, car cela permet d'explorer les niveaux et d'être récompensé en cas de bonnes actions, plutôt que d'être obligé de parcourir les niveaux à toute vitesse, sans prendre le temps de scruter chaque recoin en craignant d'être sanctionné.
Points faibles :
En raison du voice navigation system, il n'y a aucune map dans le jeu, ce qui reste tout de même embêtant pour se situer, visualiser la conception des niveaux, et explorer toutes les zones à la recherche des personnes ayant besoin d'aide, d'autant plus que les structures des 4 stages sont relativement complexes.
Seulement 4 missions en tout et pour tout ! Réclamer 10 missions serait irréaliste, mais une seule mission supplémentaire auraient donné au jeu plus de consistance. J'aurais apprécié avoir une autre mission se déroulant dans un contexte classique, un peu comme la première (pour sauver des victimes dans un cadre plus ordinaire que celui des missions 3 et 4). Ce manque de missions est le principal défaut du jeu.
Burning Rangers est un peu trop facile : seule la dernière mission demandera plusieurs essais après l'épuisement de tous vos crédits, mais elle est très loin d'être insurmontable. Les autres missions se terminent facilement en grande partie en raison de la générosité du jeu en termes d'options continue supplémentaires. (Celles-ci peuvent être gagnées en sauvant des victimes) Les boss ne proposent pas un challenge suffisamment relevé.
Les commandes répondent très bien, mais la maniabilité reste difficile à totalement apprivoiser, notamment en ce qui concerne les sauts. Il est difficile de se diriger où l'on souhaite lors du deuxième bond du double saut lorsqu'on utilise la deuxième propulsion du jet pack. Autre petit défaut : le héros se met un peu trop vite à courir. Ce n'est pas du tout gênant durant les 3 premières missions, mais devient plus délicat lors d'une séquence de la dernière mission, durant laquelle il faut faire preuve de patience et de dosage.
Revers de la médaille de l'ambitieuse réalisation technique : il y a des problèmes de clipping et de textures qui disparaissent... Rien d'excessivement gênant, mais cela peut parfois donner l'impression qu'une issue existe dans un mur alors qu'il ne s'agissait que d'une texture ayant temporairement disparu. Mais dans l'ensemble, la Sonic Team a su trouver un assez bon équilibre entre beauté graphique et bogues d'affichage.
Note objective : 87%
Note subjective : 88%
J'ai beaucoup apprécié Burning Rangers pour son originalité, sa beauté, et la conception de ses missions. Je le préfère par exemple à Nights Into Dreams pour son gameplay plus classique tout étant novateur, ainsi qu'à The Firemen dans le même genre. Burning Rangers est un "vrai jeu" (ce qui est beaucoup plus discutable dans le cas de Nights ), mais malheureusement pas un grand jeu (trop court et trop facile). Il reste cependant hautement recommandé à tous les possesseurs de Saturn.