Mini-Test : TINY TOONS BUSTER BUSTES LOOSE sur SUPER FAMICOM


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    Parmi les quelques dessins animés américains à succès des années 90, TINY TOONS figure sans aucun doute parmi les plus marquants. Cette oeuvre parodique détonnait par son humour décalé à plusieurs niveaux de lecture. Suite à son succès, une adaptation vidéoludique sera commandée à KONAMI pour la SUPER FAMICOM et la MEGA DRIVE. Sous-titrée BUSTER BUSTES LOOSE, la première sortira en 1992 au Japon puis un an plus tard en Occident. La version MEGA DRIVE, elle, lui succédera un mois plus tard.

    Sur SUPER FAMICOM, le joueur est plongé dans un studio hollywoodien dont chaque décors correspond à un stage. Si l’on en croit l’arrière de la boite française, le but du jeu est, je cite, « d’empêcher des bandits de sauter sur votre copain Buster Bunny ».

    Sans surprise, BUSTER BUSTES LOOSE avait reçu très bon accueil de la part des magazines de l’époque. C’est dans ce numéro que je l’avais découvert. Au-delà de sa note mirifique, ce sont les Screenshots qui m’avaient marqué.

    Si j’ai un affect particulier envers ce titre ce n’est pas seulement à cause de ses qualités mais aussi parce qu’il signe le début de ma collection de jeux dits « Retro ». C’est en effet l’un des premiers jeux SUPER FAMICOM que je me suis racheté lors de ma venue au Japon en 2005. Et pas n’importe quel jeu…

    Ne tournons pas autour du pot : TINY TOONS est d’abord un très, voire très beau jeu, incarnant la supériorité de le SUPER FAMICOM sur la MEGADRIVE sur le plan graphique. Les Screenshots des magazines ne mentaient pas : ce sont bien des milliers de couleurs qui vous explosent à la gueule lorsque l’on démarre l’aventure. Le savoir-faire de KONAMI en matière de Pixel Art s’y étale allègrement, au niveau des PNJ ou des arrières plans, d’une notable variété. Ces derniers évoluent fortement au gré des niveaux, vous faisant passer, à titre d’exemple, d’une école à une cuisine, en passant par une bibliothèque pour le premier ou d’un décor de western à un Saloon pour finir sur un train pour le deuxième. Ce schéma se répétant quasiment sur l’ensemble des 6 niveaux. SUPER FAMICOM oblige, quelques beaux graphiques viennent donner vie aux environnements, effet de rotation ou de transparence notamment, sans que cela paraisse superflu.

    À rebours du reste, les thèmes musicaux sont plus scolaires, quoique d’une grande fidélité à la série. Les mélodies, guillerettes, pèchent toutefois par leur trop grande répétitivité et leurs boucles assez courtes. Certains morceaux finissent même par taper sur les nerfs, notamment ceux des Boss. Les bruitages, de par leur classicisme, n’éveilleront aucune émotion particulière en vous.

    La partie sonore mise à part, la fidélité au dessin animé ne s’exprime pourtant pas au détriment de la créativité des développeurs, bien au contraire. À la richesse de sa réalisation technique vient se greffer un Level Design inventif et varié, à mille lieux de la platitude trop souvent reprochée aux jeux du même genre.

    La clé de voute de TINY TOONS est probablement son système de Dash, autour duquel tourne la majorité de ses mécaniques. Car si le jeu paraît à première vue classique avec son saut et son attaque aérienne, le bouton R révèle une nouvelle facette plus intéressante du Gameplay. À travers ce dernier, c’est non seulement la possibilité de courir qui vous est offerte, mais aussi de Slider, de vous déplacer à la verticale sur les murs, de sauter de parois en parois et d’atteindre des plateformes éloignées. Une faculté toutefois bridée par un système de jauge limitant l’utilisation du Dash dans le temps. La maitrise des bons timings devient alors essentielle pour effectuer vos acrobaties le temps impartis.

    De ces spécificités découlent un apprentissage du Gameplay plus exigeant et plus long qu’il n’y parait de prime abord. Le meilleur de ce système s’exprime dans les nombreuses séquences d’escalade où il faut passer de parois en parois, ou éviter des obstacle tout en Dashant. Le pire s’incarne au contraire au travers de certaines séquences au scrolling imposé, dont la fameuse séquence du train. Au moment où ce dernier passe sous un tunnel, il vous sera demandé de franchir des montagnes et des ravins pour reprendre le cours de sa marche. L’inadéquation manifeste entre le Level Design, la vitesse du scrolling et l’inertie du Dash rend cette séquence particulièrement contre-intuitive.

    Ce sentiment de frustration apparait dans l’ensemble des séquences à scrolling forcé, et particulièrement là où l’utilisation du Dash couplé à des franchissements de plateforme est exigé. Derrière la nécessaire maîtrise de cette mécanique se cache en fait du Die & Retry pur et dur… au risque de la crise de nerf... Se pose aussi la pertinence de l’attaque aérienne qui demande d’appuyer une seconde fois sur le bouton pour toucher un ennemis. Là où la version MEGA DRIVE se contente d’une attaque sautée plus classique mais aussi plus intuitive.

    Mais soyons honnête, à l’exception de ces quelques passages brinquebalants et une fois la philosophie du Game-Design intégrée, BUSTER BUSTES LOOSE se révèle très plaisant à jouer et la créativité des développeurs payante. Le quatrième stage, qui consiste en une partie de football américain dont les règles ont été simplifiées, est à ce titre illustratif.

    Mentionnons enfin les nombreux dialogues et mini-jeux qui viennent s’intercaler entre les niveaux. Pas toujours intéressants, ils ont au moins le mérite de gonfler la durée de vie.

    Car aussi divertissant que ce titre puisse être, il souffre d'un défaut majeur et pas des moindres : la longueur toute relative de l’aventure. Six stages, sur le papier, ce n’est pas rien, mais dans les faits cela représente à peine 20 min de jeu en ligne droite, en excluant les mini-games. Et à cela, le Level Design, aussi varié soit-il ne peut pas grand-chose. La question se pose alors de sa re-jouabilité. Son mode de difficulté supplémentaire pourrait éventuellement servir de prétexte à vous replonger dans l’aventure, mais soyons honnêtes, le jeu propose trop peu de carottes (récompenses ou bonus) pour vous y pousser.

    Quoi qu'il en soit, sa réalisation technique admirable, sa fidélité au dessin animé et ses mécaniques originales, en font une valeur sure de la bécane. Dommage que son système de Dash s’exprime parfois de façon grossière. Quant à savoir s’il est meilleur que son homologue sur MEGA DRIVE… nous aurons l’occasion d’en reparler !


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